Faut-il vraiment que le sang coule pour que le Gabon change ?

Publié le par Omar Owono

Faut-il vraiment que le sang coule pour que le Gabon change ?

Depuis un certain temps, il n’est pas rare d’entendre par-ci et par-là, d’aucuns dire que pour que le Gabon change, il lui faut faire couler le sang. Une logique qui, au-delà de la mise en difficulté du climat de paix qui prévaut dans le pays depuis des décennies, s’écarte de toute réalité propre au Gabon.

En réalité, le Gabon n’en a pas besoin. Si on peut se convenir que le processus démocratique tarde à s’installer à tous les niveaux de l’Etat, mais il faut aussi reconnaitre qu’il y a eu des avancées significatives dignes des pays dont les démocraties sont en construction, sans qu’il n’y ait eu besoin de verser le sang de qui que ce soit.

On peut partir du principe que le Gabon accède à son indépendance en 1960. A cette période, on pouvait constater les insuffisances importantes dans le fonctionnement de l’Etat, notamment le manque de qualification pour pouvoir assumer pleinement la souveraineté de l’Etat. Une défection qui a été corrigée et revue avec le temps, sans qu’il n’y ait eu besoin de faire couler le sang.

Ensuite, le passage du parti unique au pluralisme politique s’est effectué sans effusion de sang. Omar Bongo Ondimba a su bien conduire ce passage en organisant la conférence nationale en 1990, qui a permis à toutes les sensibilités politiques et sociales de se retrouver et penser à la forme de l’Etat que devrait être le pays.

L’organisation de la conférence nationale fut un moment déterminant dans la vie politique nationale. Omar Bongo qui ne voulait absolument pas entendre parler de multipartisme quelques mois avant, traçait sa nouvelle vision de la gouvernance politique du pays. Dans son discours d’ouverture, il dit : « J’ai pris personnellement, sans contrainte, la décision de proposer un ensemble politique, pour que nous puissions évoluer ensembles, pour que nous puissions évoluer dans l’unité, pour que nous puissions demain, faire un gouvernement, des institutions où tous les courants politiques seront représentés ». Ici, Omar Bongo traçait la voie d’un nouveau Gabon. Une volonté qui va s’affirmer avec la signature des accords de Paris en 1994, suite aux troubles postélectoraux de 1993. Là encore, la volonté d’évoluer dans un climat de paix a prévalu.

Si aujourd’hui on peut noter quelques défaillances quant à l’applicabilité de certaines décisions, mais il n’en demeure toujours pas moins que le pluralisme politique est un acquis et une réalité au Gabon et que la transition se soit effectuée sans effusion de sang. La même logique a d’ailleurs prédominé au cours des différentes élections présidentielles que le pays a connu.

Le cas le plus palpable est celui de l’insertion des données à caractère biométriques dans le fichier électoral gabonais. S’il est vrai que le fichier actuel ne bénéficie pas encore d’une crédibilité certaine, mais le processus est lancé et c’est désormais un acquis qu’il faudrait améliorer.

Il vous souviendra que le débat de l’insertion de la biométrie dans le fichier électoral gabonais a été introduit à l’Assemblée Nationale par Pierre Mamboundou, Président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG). Ce leader de l’opposition gabonaise n’a jamais fait appel à la violence pour réclamer la biométrie. Il a toujours fait recours aux institutions républicaines pour défendre ses idées, selon les dispositions de la loi gabonaise. Aujourd’hui, son combat a abouti, la biométrie est devenue une réalité au Gabon, malgré les défaillances.

Ce rappel de certains événements importants de la vie politique gabonaise permet de comprendre qu’il n’est nul besoin de verser du sang dans le pays pour aboutir à des réformes conséquentes.

Encore qu’il faut bien savoir le sang de qui il faudrait verser. S’il y a des gens qui pensent que le Gabon a besoin du sang pour changer, qu’ils se suicident publiquement en expliquant qu’ils versent leur sang pour une raison quelconque. Ainsi, l’ensemble des gabonais sauront certainement que tel aurait, comme Jésus-Christ, donné sa vie pour sortir le Gabon d’une situation donnée.

Publié dans Politique-Société

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