Gabon: quand les politiques tournent le dos à la sagesse

Publié le par OWONO MVE Armis

Gabon: quand les politiques tournent le dos à la sagesse

Depuis la publication du livre de Pierre Péan en octobre dernier, les critiques n’en finissent pas tant de la part des opposants gabonais que ceux qui sont au pouvoir. D’un côté, les premiers, s’appuyant sur les propos du journaliste d’investigation français, et pensent que le Président de la République devrait démissionner ; de l’autre côté, les représentants du pouvoir en place au Gabon s’acharnent contre les révélations du livre, en initiant des poursuites judiciaires contre son auteur et son éditeur. Des démarches que je trouve à mon sens inappropriées dans un pays où l’on se veut sérieux.

Les derniers événements qui ont ponctué l’actualité politique de notre pays révèlent que le bon sens est loin d’être la clé de voûte de ceux qui nous gouvernent et qui aspirent à nous gouverner. On semble voir des enfants dans une cour de récréation. On crie ici, on crie là sans que personne ne songe à s’arrêter une minute pour réfléchir à ce qu’il faut faire pour éviter le pire et le ridicule.

Une opposition à la vague-à l’âne

La principale question qu’il faudrait se poser est celle de savoir s’il a fallu que Pierre Péan remette en cause les origines du Président Ali Bongo pour protester sur la base de l’article 10 de la constitution ?

Nul n’est sans ignorer que la rumeur sur les origines du Président gabonais courent le pays depuis plusieurs décennies. S’il a fallu contester ses origines, c’était en 2009, lorsqu’il s’est présenté à la présidentielle anticipée. Jean Eyeghe Ndong et Casimir Oye Mba qui étaient candidats à la candidature du PDG, auraient dû commencer par là. Je suis certain que s’ils avaient eu la moindre preuve, ils l’auraient apportée. Ils ont démissionné du PDG sans mot dire.

Tout au long du contentieux électoral, certains opposants auraient écrit à la cour constitutionnelle, afin d’annuler l’élection d’Ali Bongo, sur la base des dispositions de l’article 10 de la constitution. Là encore, aucune preuve n’a été apportée, oubliant que la justice ne juge pas la rumeur, mais les faits sur la base des pièces à conviction.

Du coup, je me demande ce qu’ils ont bien pu écrire dans leur plainte et les preuves qu’ils y ont apportées. Il semble que nos opposants n’aient pas eu assez de couille pour se faire manipuler par les écrits d’un français. Et demain, ils crieront certainement à la Françafrique.

Le cas burkinabè : comparaison n’est pas raison

Les opposants gabonais ont estimé pouvoir agir pour avoir les mêmes effets qu’au Burkina Faso. Mais ils ont oublié que le contexte n’est pas le même. D’abord parce qu’il n’a pas fallu un livre pour que les burkinabè se révoltent. Ensuite, la situation du Burkina n’a pas été initiée par les partis politiques, mais par la population, avec à la base, la société civile. Ce qui fait que, bien que voulant s’inscrire dans un contexte de vent de revendication ou de révolution, les deux mouvements ne donnent pas les mêmes effets. La preuve …

La violence est le fait d’une incertitude

Ce que je n’arrive pas à comprendre, bien que j’aie des tendances très favorables au parti pouvoir, c’est le recours permanent à la violence et à l’intimidation. Un homme ne peut être que chef des autres hommes. Si toute une population arrive à disparaître, je ne pense pas que le chef aura encore un pouvoir. Car la notion de pouvoir s’exerce dans une relation d’altérité entre le chef et le peuple.

Il semble qu’au Gabon, l’utilisation des forces de sécurité et de défense tend à créer non pas un sentiment de civisme et de respect de l’autorité chez les citoyens, mais un sentiment de peur. Bien évidemment on est dans les préceptes de Machiavel qui pense qu’il est mieux, pour un chef, d’être craint que d’être aimé. Mais cette logique ne s’applique nullement aux démocraties modernes. Tout pouvoir qui applique ce principe tend à instaurer une dictature.

Ça ne coûte rien de laisser les gens marcher tout en leur donnant l’impression d’avoir gagné. Le fait d’empêcher une marche à chaque fois donne l’effet d’un ballon qui n’en peut plus de contenir de l’air. Il finit par exploser et ça donne un bruit très assourdissant. Il serait mieux d’éviter que ce ballon explose.

Accusé levez-vous …

Il revient souvent aux accusés de présenter les preuves et/ou un témoignage pour prouver son innocence. Dans un contexte où le Président gabonais est remis en cause, je pense qu’il aurait été souhaitable qu’il s’adresse aux gabonais pour leur donner sa version des faits. Au lieu de cela, on parle d’une plainte contre Péan.

Ce qui est certain, ce n’est pas pour les juges que ce livre a été écrit. Il est claire qu’en l’écrivant, son auteur a voulu déstabiliser le Président gabonais à partir du territoire national. Ce qui indique que s’il y a des gens dont on doit s’inquiéter, ce sont les gabonais. Ce sont eux ses électeurs. C’est lorsque ces derniers auront été convaincus de son discours, lorsqu’ils lui auront fait confiance qu’il confortera son pouvoir. Ce que les français pensent n’a pas d’importance.

Le recours aux autorités françaises tend à confirmer les rumeurs sur la dépendance vis-à-vis de la France, des décisions politiques gabonaises. Au moment où il faut convaincre les gabonais, on leur tourne le dos pour regarder vers la France. Si la politique a ses réalités, mais il y a des moments où il faudrait faire un effort, disons faire semblant.

Publié dans Politique

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E
Politique et sagesse, mariage impossible quelque soit le bout par lequel on considère lla question. !
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