Entre Yalta et les réseaux françafrique, l'Afrique peut-elle négocier d'égal à égal?

Publié le par OWONO MVE Armis

Entre Yalta et les réseaux françafrique, l'Afrique peut-elle négocier d'égal à égal?

L’Afrique se pose souvent une question de manière indirecte à chaque fois qu’on évoque les relations gagnant-gagnant. La question mérite d’être posée quand on connait l’apport de l’Afrique dans l’économie mondiale. Pourtant très pourvue en matières premières, l’Afrique n’a malheureusement pas le choix, que d’accepter les propositions qui lui sont souvent proposées.

Indépendants pour la plupart depuis 1960, les pays francophones africains subissent encore les effets des puissances occidentales. Si aujourd’hui le discours tend vers la souveraineté des états africains, mais d’autres pesanteurs semblent diriger actuellement les rapports de l’Afrique au reste du monde.

Les résolutions de Yalta.

Après la victoire des Alliés en 1945, les principaux vainqueurs de la guerre s’étaient retrouvés à Yalta, du 4 au 11 février 1945 pour décider du sort du monde. Entre autres points débattus, il y avait celui de la stabilité du nouvel ordre du monde après la victoire.

Parmi les décisions, il y avait le partage du monde, basé sur la perte des terres allemandes à travers le monde. C’est ainsi que certains pays africains sont passés sous la domination française. Ce partage révèle bien évidemment un non-dit : le fonctionnement de ces pays devait relever des compétences et de l’autorité métropolitaine.

Dans leur quête de l’indépendance, les pays africains francophones n’ont pas eu la possibilité de négocier les conditions d’accès à l’indépendance. Il semble qu’elle leur a été donnée comme un cadeau. L’histoire de l’humanité nous apprend qu’aucun peuple ne s’est libéré sans lutte. Or, le fait que les indépendances des pays africains aient été programmées par la France est une preuve qu’il n’y a pas eu de lutte, mais de négociations du titre de pays indépendant.

Que signifie être indépendant en Afrique francophone ?

En Afrique francophone, l’indépendance n’a pas la même valeur qu’ailleurs. Un bon pays indépendant en Afrique francophone, c’est un pays où la France a le contrôle sur l’économie et décide de ce qui arrive.

Il y a quelques mois au Gabon, lorsque le gouvernement a voulu faire un redressement fiscal sur la situation du géant pétrolier français, le groupe Total, le pays a subi une très forte pression politique. Dernièrement au Burkina Faso, on a pu comprendre que les autorités françaises ont été décisionnelles dans la démission de Blaise Compaoré. Inutile d’évoquer la situation en Centrafrique et au Mali.

Les exceptions tels que le Sénégal ont la particularité qu’ils ne disposent pas assez de ressources naturelles qui puissent attirer l’intérêt de la France. Donc qu’ils soient libres ou pas, cela ne les intéresse pas. De plus il va de leur honorabilité d’avoir un pays qui sort du lot sur le plan démocratique. Par contre les pays d’Afrique Centrale, où sévit une grande longévité au pouvoir, ne sont pas inquiétés. Il semble qu’on ait réussi à amadouer les populations au point où elles ne puissent pas être capables de réagir. Ceci traduit la situation d’une zone où les intérêts économiques de la France sont importants.

Dans ce genre de pays, ce sont les occidentaux qui choisissent les dirigeants et les entretiennent tout le temps qu’ils restent au pouvoir. Comprenez aussi que les présidents africains ne veulent pas oublier qui les a fait rois, puisque c’est aussi le même qui défait. Au regard des avantages que leur procure les postes et la protection et le silence que leur garantit la France sur leurs malversations, comment voulez-vous qu’ils se lèvent un matin et dire qu’ils vont négocier d’égal à égal ? Une véritable utopie.

Complicité des instances internationales

Il n’est pas un secret que le monde est dirigé actuellement par un bloc de quelques pays. Ce bloc est formé au sortir de la conférence de Yalta. Il est composé des cinq membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies. Il s’agit de la Chine, des Etats-Unis, de la Russie, de la France et du Royaume-Uni.

Le principe applicable est tel qu’à chaque fois qu’il s’agit d’un problème de sécurité d’un pays membre, ce bloc se réunit et décide d’intervenir. Cette intervention ne se fait pas souvent de manière collective. Un pays est choisi sur la base de la zone de compétence. Ce qui fait que la France est souvent choisie pour les problèmes en Afrique francophone ; les Etats-Unis pour les problèmes au Moyen-Orient et l’Amérique du Sud, le Royaume-Uni et la Russie pour les problèmes en Europe de l’Est et la Chine pour les pays asiatiques.

A chaque fois qu’il se produit un événement, la communauté internationale ne se prononce pas sur la base de la loi humaine, mais des intérêts de celui qui est responsable de la zone. C’est cela le nouvel ordre mondial dont il a été question à Yalta.

Voilà pourquoi l’Afrique se retrouve aujourd’hui coincée entre les résolutions issues de la conférence de Yalta et les réseaux occultes et mafieux de la Françafrique qui traduisent la volonté et de l’affirmation d’une présence et d’une implication française permanente en Afrique, malgré les discours de souveraineté et des appels à la bonne gouvernance politique et économique.

Publié dans Afrique-Monde

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